Comment communiquer efficacement sur la question écologique ?
La question environnementale représente un enjeu majeur de notre société, si ce n’est LE défi à relever pour assurer la survie de l’humanité. Mais entre climato-scepticisme, manque de volonté et peur du changement, nous sommes encore loin d’avoir convaincu tout le monde.
Comment alors communiquer efficacement pour faire prendre conscience au plus grand nombre, non seulement de l’enjeu de cette problématique mais surtout de l’impérieuse nécessité de changer nos habitudes individuelles, collectives voire notre système tout entier ?
Quelle forme de communication serait la plus efficace ? Informer de manière rationnelle les gens ? Leur faire peur, jouer sur cette émotion primaire ? Ou bien au contraire, les rassurer en leur insufflant une bonne dose d’espoir ? Petit tour d’horizon des différents leviers de communication possibles.
Informer, pour mieux convaincre
En France, d’après une étude de l’OCDE de 2022, 43 % des français seraient climato sceptiques. Il me semble que ce pourcentage doit être relativisé par la nouvelle acception du terme « climato-scepticisme ». Autrefois, être climato-sceptique, c’était ne pas croire au dérèglement climatique. Aujourd’hui, ce serait plutôt de ne pas croire que ce dérèglement est lié aux activités humaines, c’est-à-dire que ce soit un changement climatique anthropocène.
Dans ce cas précis, il me semble peu probable que des informations fiables et sourcées changent la donne car ne pas vouloir entendre l’implication humaine dans ces enjeux ressemble à une sorte de déni ou de dissonance cognitive. Donc toute information, même scientifique, sera « biaisée » par le filtre de personnes totalement hermétiques.
Par contre, informer une population déjà sensibilisée ou manquant simplement de connaissances sur les questions environnementales peut inciter à agir. Je pense plus particulièrement aux enfants, qui doivent être éduqués aux enjeux écologiques dès leur plus jeune âge et que l’on peut informer via différents supports (magazines, vidéos, évènements..).
Concernant les adolescents, 70 % d’entre eux se déclarent « très inquiets » ou extrêmement inquiets » du changement climatique (étude 2021 de The Lancet), au point pour certains, de souffrir d’éco-anxiété. Il faudra donc, pour cette cible précise, développer une autre façon de communiquer pour les aider à sortir de leur désarroi (nous le détaillerons par la suite).
Il est également essentiel d’informer les gens sur les diverses façons de passer d’un comportement néfaste pour la planète à un comportement plus vertueux. Par exemple, boire l’eau du robinet plutôt que de l’eau en bouteille, végétaliser son alimentation, être plus sobre dans sa consommation d’énergie. Mais cette approche, qui en appelle à la responsabilisation de chacun est-elle toujours suffisante ?
Faire peur pour inciter à l'action
La peur du dérèglement climatique est-elle un levier efficace pour inciter à l’action ?
Nous avons tous en tête les mots puissants prononcés par Greta Thunberg lors du sommet de Davos en 2019 : « Je veux que vous paniquiez ». Cette phrase a été reprise dans tous les plus grands médias mais il me semble qu’il faut remettre en contexte à qui Greta s’adressait.
Aux politiques, aux décideurs, aux « adultes » qui tentaient encore de minimiser le dérèglement climatique et de rassurer les populations à coup de mesurettes insignifiantes. De telles interventions sont essentielles pour médiatiser encore plus le combat et bousculer des décideurs pétris de contradictions qui voient clairement que nous fonçons dans le mur mais ne ralentissent pas.
Alors oui, la peur me semble être un levier important pour mettre les gens en action. Surtout, la peur pour ses proches, dirai-je. Par exemple, beaucoup d’entrepreneur.e.s se lancent dans des entreprises éthiques parce qu’ils ont peur pour l’avenir de leurs enfants. D’autres ont peur pour leur santé et vont donc lancer des produits plus sains et plus naturels. La peur est une émotion très primaire qui parfois, peut nous pousser à véritablement changer de comportement.
Mais, encore une fois, ce levier est un bon outil mais doit être destiné à la bonne cible, un public adulte et ancré dans sa routine. Chez les enfants et les adolescents, pour qui tout est à construire, il serait contre productif et pourrait générer de la paralysie. Alors que ce sont eux, avec l’énergie de leur jeunesse, qui auraient le plus de chances de changer l’avenir.
Donner de l'espoir
Alors, venons-en à présent à la communication basée sur l’espoir. Nous serons tous d’accord pour dire qu’elle est essentielle pour ne pas rester paralysé dans l’inaction et entrevoir des perspectives d’avenir positif. Toutefois, elle ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt. Je m’explique, en communiquant sur une information positive, comme la résurgence d’une espèce en voix d’extinction, cela ne doit pas masquer le fait qu’en 50 ans, 68% des animaux vertébrés sauvages ont disparu (source WWF 2020) !
Donc activer le ressort de l’espoir, oui, mais pour donner envie de contribuer par des actions bénéfiques pour la planète et le vivant. Permettre aux humains, et notamment aux plus jeunes, de participer à des actions collectives peut être extrêmement motivant. Apprendre de nouvelles techniques, plus vertueuses, découvrir ce qui se pratique dans d’autres pays, comme le fait très justement Cyril Dion dans « un Monde Nouveau« . Il faut créer un futur désirable qui donne envie de se projeter dans une écologie joyeuse et non « dépressive ».
Pour construire le récit de ce futur désirable, on pourra s’appuyer sur le fameux concept marketing de « storytelling », qui devra être utilisé non plus pour nous vendre des produits inutiles mais pour nous donner envie d’une vie plus simple, plus sobre et plus heureuse. Il est nécessaire d’inventer une nouvelle narration autour de l’écologie et de notre lien à la Nature, loin des clichés habituels. En ce sens, nous communicants, avons un grand rôle à jouer dans cette construction narrative.
Redonner goût au lien avec le Vivant
Pour que les humains aient envie de protéger la Nature et le Vivant en général, il est essentiel qu’ils prennent conscience de leur propre place au sein de cet écosystème. Et pour cela, rien de tel que de se reconnecter à la Nature. Il serait donc à mes yeux très productif de mettre en lumière toutes les initiatives qui mettent l’Homme en relation avec les animaux, les plantes, l’eau. Pour cela il y a, par exemples, de nombreux jardins-forêts qui se créent un peu partout et accueillent des bénévoles. En France, nous avons la chance d’avoir un vivier d’associations et de collectifs qui développent de nombreuses initiatives en lien avec le Vivant. Alors profitons-en !
Communiquer efficacement sur la question écologique, c’est aussi mettre en avant cette énergie collective incroyable et porteuse d’espoir !
L’objectif étant que l’individu vive l’expérience de la Nature et ne la perçoive plus comme une simple ressource mais comme un écosystème auquel il appartient, lui aussi.
En somme, chaque levier de communication a son utilité propre, selon la cible que l’on vise. Mais il ne faut pas oublier non plus l’importance du cheminement personnel de chacun dans son « éveil » écologique. D’où l’utilité de mixer tous ces leviers pour atteindre le plus grand nombre. Et, bien au-delà, de la communication, c’est l’expérimentation de la Nature et du Vivant qui, à mon sens, permettra de mobiliser un maximum d’individus.
Crédit photo : pvproductions pour Freepik
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